BL Métamorphose – Kaori Tsurutani

Les japonais ont l’art de transmettre la beauté des plaisirs simples de la vie. Que ce soit dans des films ou dans des livres, ils savent exprimer la douceur légère, cosy et rassurant à la fois. Ce manga est comparable à une bonne tisane chaude. Dans le genre seinen/tranche-de-vie, on assiste ici à une amitié naissante entre une étudiante Urara et une dame âgée Yuki, suite à la découverte d’une passion en commun; les mangas boy’s love. Comprenez les mangas qui parlent d’histoire d’amour entre deux hommes.

Dans ce genre de lecture ce que j’apprécie particulièrement c’est que ce qui compte réellement ce n’est pas tant la fin elle même mais ce qui se déroule tout au long des pages. C’est aussi l’intérêt de lire un manga tranche-de-vie. Ainsi la lecture se fait plaisir au fil des pages sans se hâter pour en connaître la fin. D’ailleurs une des phrases qu’on peut lire dans le livre dit; on hâte de découvrir la fin et pourtant on a pas envie de le terminer. Ou quelque chose du genre. Comme j’ai rendu le livre à la bibliothèque, je ne me souviens plus mot pour mot mais cela dit, la lecture tranche-de-vie se fait à l’opposé de leur lecture à elles – le manga BL – qui lisent une histoire d’amour. Il est vrai que dans les histoires d’amour on veut toujours connaître la fin. Ce qui n’est pas le cas de cette histoire d’amitié et cette dimension est amplifiée par le fait que Yuki, la dame âgée est proche de sa fin de vie. Au point qu’elle n’est pas sûre d’être là pour la lecture des prochains tomes de son manga.

Je dois avouer cet aspect m’a plutôt attristée et si vous avez lu mon article En vie qui parle du temps qui passe vous comprendrez que les mots ont réellement trouvé un sens en moi. Il y’a en effet deux rythmes de vie dans ce manga. Celui de l’étudiante pour qui tout va trop vite et qui doit prendre des décisions pour sa vie à venir. Et celui pour Yuki qui doit préparer la fin de sa vie et qui ralentit au fil des pages. Pourtant c’est en cela que cette histoire est intéressante car on ne peut que constater à quel point les deux générations ont besoin l’une de l’autre pour avancer. Malheureusement, ce lien est souvent rompu comme si elles s’opposaient tandis qu’elles ne sont que la continuation l’une de l’autre.

Cette lecture m’a fait beaucoup de bien car elle parle de ce qui est intemporel à travers les âges ou les barrières. On parle là de l’essentiel en partant de quelque chose qui se veut « superficiel » un manga boy’s love pour jeunes filles. Et je me suis dis au fil de ma lecture que c’est peut-être cela qu’on doit trouver, nos points en communs car c’est ainsi que l’on se relie à l’autre. Je pense que le fait d’avoir un boy’s love comme manga en commun dans leur lecture (parce que oui au final ça aurait pu être tout autre chose) c’est pour symboliser la ressemblance. C’est chercher à se relier à travers nos ressemblances plutôt que de nous diviser par nos différences.

Ce livre était bien sûr en noir blanc comme la plupart des mangas mais quand j’y repense je le revois toujours en couleurs. Ce qui est aussi dû à la qualité du dessin je présume. Ce fut donc une de mes premières lectures de manga pour adulte (la dernière fois que j’en ai lu je devais être enfant) les 4 tomes ont été terminés en 1 semaine à peine. Bien sûr à la fin, cela m’a fait l’impression de dire au revoir à des amis tant j’étais prise dans l’histoire. Je serais pas étonnée si je finissais par les réemprunter juste pour le plaisir.

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