Big Magic

Paru sous le nom de Comme par magie; vivre sa créativité sans la craindre, ma dernière lecture est une telle pépite que j’ai voulu en faire un article plus long qu’un simple post sur insta. Alors personnellement je l’ai lu en anglais pour la simple raison que je suis toujours en phase d’apprentissage de cette langue et bien que je sois amenée tous les jours à la pratiquer dans mon travail, j’aimerais améliorer mon niveau. Du coup, quoi de mieux que de le faire avec quelque chose que j’aime telle que la lecture?

Une idée est une entité qui cherche à s’incarner à travers nous.

Et c’est peu dire… Ce livre respire les bonnes ondes, la légèreté et une fraîcheur incroyable! On comprend très vite le propos d’Elizabeth Gilbert – qui est aussi l’écrivaine du bestseller « Mange, prie, aime » – qui semble avoir fait de la joie une philosophie de vie. Elle nous présente non seulement les différentes facettes des personnes créatives ou à l’âme artistique, mais elle apporte aussi des exemples de pièges dans lesquels on peut tomber lorsqu’on aime créer. Son approche de la créativité est presque enfantine, tant elle semble détachée de la notion de souffrance qui gravite autour des artistes. Dans mon cas, je me suis reconnue dans certaines réflexions et les sagesses de ce livre m’ont apprises que j’approchais souvent l’écriture avec beaucoup trop d’attente. Cette tendance à mettre la barre très haute et finalement transformer le côté léger, instinctif, amusant de l’écriture en quelque chose de trop mental. Bien sûr, je fais surtout allusion à l’écriture créative et non à des textes plus concrets, tels que des présentations ou comme ici, un retour de lecture. Ce qui ressort aussi dans ce livre, c’est de faire la différence entre ce qui nous nourrit et ce qui nous détruit. Quand on commence à confondre le fait de se tuer à la tâche et la persévérance.

Pourquoi sommes-nous si attachés à la souffrance? Pourquoi il faut absolument saigner pour avoir du mérite?

Et que retire-t-on comme satisfaction d’une création qui a été fait dans la souffrance? Peut-on vraiment en tirer du plaisir? Je veux dire un plaisir sain. Je ne le crois pas. Et encore moins depuis que j’ai lu ce bouquin. On a tellement associé le mérite avec la difficulté que quand une chose est faite avec aisance – et je ne parle de facilité – on culpabilise. On sabote ce qu’on a produit, ou encore on y accorde aucune valeur ce qui est très dommage. Une personne très proche dans mon entourage avait un projet artistique qui lui a pris des années avant de voir le jour. Connaissant son perfectionnisme, je peux assurer que le moindre petit détail de sa création lui valu au moins 3 gouttes de sueur sur le front. Je sais aussi que ce projet a été crée dans la souffrance. Et bien évidemment sa création ne lui a pas amené de la joie. Une satisfaction inimaginable certes mais pas vraiment de bonheur. Pas parce qu’il était raté, loin de là. Sa création était parfaitement travaillée, mais parce qu’il a mis dedans sa douleur, sa souffrance. Alors oui, un grand soulagement s’en est suivi mais je crois que ce n’était pas tout à fait ce qu’il attendait. Aujourd’hui, je sais qu’il ne créée plus du tout avec cet état d’esprit et ce comportement destructeur est derrière lui. Il a compris qu’il peut créer tout en prenant du plaisir à le faire.

La notion du plaisir.

Je reprendrais ici la phrase de Christian Junod qui propose cette idée; une personne devrait être payée à la hauteur du plaisir qu’elle prend à faire son travail. N’est-ce pas merveilleux? N’est-ce pas logique? Sans viser le travail, je dirais même qu’en général on fait les choses pour les mauvaises raisons et on est même pas au clair de l’intention qu’on y met. Je suis la première à monter dans ce bateau là. Plus d’une fois, j’ai fait des choses pour les mauvaises raisons, en me dupant, en me convaincant que je le faisais pour moi et rien d’autre. C’EST FAUX! Car quand je n’obtenais pas les résultats escomptés, j’étais réellement frustrée. Parce que je n’avais pas su dire clairement ce que je voulais. Parce que j’estimais que faire quelque chose pour de la reconnaissance c’était pas bien. Je voulais pas baisser dans mon estime alors je disais le faire pour moi, tout en le faisant pour les autres. Le problème c’est ça. Tout au long du processus de création, on se juge, on s’identifie trop à notre oeuvre et on arrive pas à faire la part des choses. Alors ce livre dit; Chill man… Ta vie ne dépend pas de ça! Tu n’es pas ta chanson. Tu n’es pas ton texte. Tu n’es pas ton tableau. Calme… c’est juste des créations. Y’a pas mort d’homme, amuse-toi avec ça et arrête avec tes airs d’artiste maudit qui prend tellement au sérieux son drame qu’il ne se rend pas compte à quel point il est superficiel. Oui ce fut une longue phrase. Finalement, au moment où l’on se surprend à se tuer au nom de quelque chose, c’est peut-être qu’il est temps de se retirer et d’aller chercher le plaisir ailleurs. Histoire d’y reprendre goût.

Big Magic. Elizabeth Gilbert. Juste Canon.

Laisser un commentaire